1. Le nouvel enjeu du reporting ESG pour les PME
La pression autour de la durabilité n’est plus réservée aux grandes entreprises. Aujourd’hui, les petites et moyennes entreprises (PME) sont de plus en plus sollicitées par leurs clients, leurs investisseurs ou leurs banques pour fournir des informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Même lorsqu’elles ne sont pas soumises à la directive CSRD, les PME doivent souvent répondre à des questionnaires très variés, hétérogènes, chronophages et parfois redondants.
Face à cette situation, l’Union européenne a mandaté l’EFRAG pour concevoir un standard simple, accessible et proportionné pour les PME non cotées : la VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs). Ce standard vise à réduire la charge administrative des PME tout en structurant la manière dont elles communiquent leurs données ESG.
La VSME s’annonce comme un instrument clé pour améliorer la transparence, soutenir l’accès au financement durable, renforcer les relations commerciales et faciliter la transition vers des pratiques plus responsables.
2. Qu’est-ce que la VSME ?
La VSME est un standard volontaire européen de reporting de durabilité conçu spécifiquement pour les PME non cotées de moins de 250 salariés. Contrairement aux ESRS obligatoires applicables aux grandes entreprises sous CSRD, la VSME propose une approche simplifiée, proportionnée et modulaire.
Elle se compose de deux niveaux :
1. VSME Basic : un questionnaire synthétique, conçu pour répondre aux demandes des partenaires commerciaux.
2. VSME Comprehensive : un format plus détaillé, inspiré des ESRS, pour les PME souhaitant aller plus loin ou anticiper les attentes futures.
La VSME n’est ni une norme comptable ni une obligation réglementaire. Il s’agit d’un outil volontaire, pensé pour aider les PME à structurer leur reporting ESG et à répondre efficacement aux exigences de leur écosystème.
3. Par qui la VSME a-t-elle été construite ?
La VSME est le résultat d’un travail piloté par l’EFRAG, l’organisme européen de normalisation extra-financière.
Elle a été élaborée par :
• le Sustainability Reporting Board (SRB),
• le Sustainability Reporting Technical Expert Group (SR TEG),
• des groupes d’experts issus de divers secteurs,
• des représentants de PME, grandes entreprises, banques, investisseurs et associations professionnelles.
Entre janvier et mai 2024, une large consultation publique a permis de recueillir des centaines de retours. L’EFRAG a également conduit des tests de terrain auprès de PME pour s’assurer que le standard était utilisable, proportionné et adapté.
La version finale a été officiellement soumise à la Commission européenne le 17 décembre 2024.
4. Contexte de création : Pourquoi la VSME était-elle nécessaire ?
Plusieurs évolutions expliquent la naissance de la VSME :
Une multiplication des demandes ESG : Les PME reçoivent souvent des questionnaires provenant de :
• clients grands comptes soumis à la CSRD,
• banques évaluant les risques ESG,
• fonds d’investissement,
• partenaires commerciaux.
Chaque questionnaire utilise des formats, indicateurs et définitions différents, créant une lourde charge administrative.
Un besoin de standardisation : Les grandes entreprises doivent désormais collecter des données ESG auprès de tous leurs fournisseurs. Sans cadre commun, il est difficile pour elles de comparer et d’intégrer les données transmises par les PME.
L’émergence de la finance durable : Les banques doivent aligner leurs portefeuilles sur des objectifs ESG. Disposer de données fiables provenant des PME facilite les décisions de financement et améliore l’accès au crédit.
Le SME Relief Package de la Commission : Ce programme vise à réduire la complexité réglementaire pour les PME tout en garantissant leur intégration dans la transition durable européenne.
La VSME est donc une réponse directe à un besoin réel du marché : réduire la charge administrative, fluidifier la communication avec la chaîne de valeur et harmoniser les pratiques ESG.
5. Les objectifs de la VSME
La VSME poursuit six objectifs majeurs :
1. Simplifier le reporting ESG des PME : La VSME réduit les exigences au strict nécessaire tout en restant cohérente avec les standards européens ESRS.
2. Réduire les demandes répétitives de la chaîne de valeur : Grâce à un standard unique, les PME peuvent utiliser un seul document pour répondre à l’ensemble des demandes clients.
3. Améliorer la qualité, la comparabilité et la fiabilité des données ESG : Les parties prenantes obtiennent des données structurées, harmonisées et exploitables.
4. Faciliter l’accès des PME au financement durable : Les banques et investisseurs peuvent mieux évaluer les risques ESG, ce qui améliore l’accès au crédit, aux financements verts et aux subventions.
5. Accompagner les PME dans la transition durable : La VSME aide les entreprises à structurer leurs indicateurs, à définir leurs priorités ESG et à anticiper la réglementation.
6. Harmoniser le marché européen : Elle contribue à mettre en place un langage commun entre petites, moyennes et grandes entreprises sur les sujets ESG.
6. À qui s’applique la VSME ?
La VSME s’adresse principalement à :
• PME non cotées (< 250 salariés),
• PME hors périmètre CSRD,
• PME fournisseurs de grandes entreprises,
• organisations cherchant à structurer leur reporting ESG,
• tous secteurs confondus (industrie, services, tech, agriculture…).
Le standard est 100 % volontaire. Les entreprises peuvent choisir :
• d’utiliser uniquement le module Basic,
• ou de basculer ultérieurement vers le module Comprehensive,
• ou encore de s’en servir comme base pour un reporting plus ambitieux.
7. Les avantages de la VSME pour les entreprises
1. Réduction massive de la charge administrative : En adoptant la VSME, les PME remplacent des dizaines de questionnaires par un standard unique, reconnu et accepté.
2. Meilleure attractivité auprès des banques et investisseurs : Des données ESG structurées permettent :
• un accès facilité aux prêts,
• des conditions de financement plus favorables,
• l’accès à la finance verte.
3. Renforcement de la relation commerciale avec les grands comptes : Les entreprises sous CSRD ont besoin de données fiables de leurs fournisseurs : la VSME devient un avantage compétitif.
4. Visibilité et crédibilité accrues : Une PME capable de communiquer de manière transparente sur sa durabilité renforce sa réputation, attire des clients et fidélise ses équipes.
5. Amélioration interne de la gestion ESG : La collecte de données permet d’identifier :
• des leviers d’économies d’énergie,
• des risques sociaux,
• des opportunités environnementales,
• des améliorations de gouvernance.
6. Anticipation des futures évolutions réglementaires : La VSME sert de tremplin pour une éventuelle future réglementation plus exigeante.
8. Comment une PME peut-elle se préparer ?
💡 Étape 1 : Réaliser un premier état des lieux des données disponibles : Collecte actuelle, manques, difficultés, sources d’information.
💡 Étape 2 : Identifier les attentes prioritaires des clients ou financeurs : Certaines données sont plus critiques que d’autres pour la chaîne de valeur.
💡 Étape 3 : Commencer par le module Basic : Une première démarche simple, rapide et efficace.
💡 Étape 4 : Mettre en place une gouvernance minimale : Un référent ESG ou un petit groupe de travail.
💡 Étape 5 : Anticiper une montée en maturité vers le module Comprehensive
9. Conclusion
La VSME représente un véritable tournant pour les PME européennes. En simplifiant le reporting ESG, en harmonisant les pratiques et en facilitant la relation avec la chaîne de valeur, ce standard devient un levier stratégique d’attractivité, de financement et de performance durable.
Pour les PME, adopter la VSME, c’est :
• réduire la charge administrative,
• renforcer la crédibilité auprès des partenaires,
• anticiper l’avenir sans complexité.
Un outil volontaire, proportionné et profondément utile pour entrer sereinement dans la transition durable européenne.







